Gamelle Trophy
Les fées n'en ont pas trop fait…
"Maman elle va devenir grosse!"
Afin de nous mettre en appétit commençons par une anecdote savoureuse mais qui n'a rien à voir avec la Gamelle Trophy : le vendredi 25 septembre 2009, Jules dîne avec moi. En allant ranger une boîte de maïs dans le débarras il trouve un paquet de bonbons Haribo. Il me demande s'il peut en manger. Je lui dis que non car maman a acheté ce paquet pour une petite fête entre copines. Il me demande alors où est le paquet de bonbons Haribo que j'avais gagné en terminant 2ème du championnat du monde masters (grosse grille de prix! ???). Je lui réponds que maman a dû aussi les manger avec ses copines…Il éclate en sanglots du haut de ses sept ans "Maman elle va devenir grosse si elle mange tout ça de bonbons!!!". Je ne peux m'empêcher de rire et lui précise que maman en a mangé un peu et ses copines aussi…Maman va très bien rassurez-vous!
Comme un coup de fusil!
Depuis de nombreuses années j'entends parler (en bien!) de la Gamelle Trophy. Grand parcours (65km cette année), jolis passages (je suis allé voir des photos en action sur le web), près de mille participants sur la compétition…Ça donne envie!
Seulement chaque année cette épreuve tombe quelques semaines après les championnats du monde masters et je me sens "rincé".
Alors pourquoi cette année?
Après Pra-Loup j'ai pas mal déconnecté du vélo tout en continuant de rouler et nager "pour le plaisir". Puis sur proposition d'amis je fais les 5h de Langres à trois (on-a-ga-gné!) et le soir en rentrant j'ai envie de faire une autre course! Et comme j'ai de plus en plus envie d'aller poser mes roues là où je ne les ai pas encore posées, je trouve les coordonnées de l'organisation que j'appelle. Je suis très bien reçu et je peux m'inscrire, merci!
Du coup le mercredi 23 septembre je roule un bon coup sur route (3h23, 101km), encore un peu le vendredi 25 en vtt (1h20 tranquille) et je prépare mon sac pour la route!
Juste un aperçu.
Le samedi 26 septembre je pars à 7h45. À 14h j'arrive à Sillé le Guillaume en finissant d'écouter "Moralès" de Bénureau sur Rire et Chansons : énorme, j'arrive avec la banane!
À peine le temps de dire bonjour aux uns et aux autres que Frédéric Beaudouin, Président de Tourisme et Aventure, me demande si je veux officier au podium des courses de jeunes. Avec plaisir!
Je remets donc coupes et trophées et fais des bisous pendant que le speaker vante mon livre VTT Rouler plus vite. Du coup plusieurs personnes en veulent. J'en ai quelques-uns avec moi mais le dimanche je devrai prendre les adresses pour en envoyer car je n'en ai plus. Attention l'année prochaine ça va Rouler plus vite dans la Sarthe!
Je repère ensuite une partie du parcours, c'est tellement sec que ça en devient cassant. Et encore je roule doucement. Le lendemain, à bloc et complètement cuit sur la fin ce sera bien dur dans tous les sens du terme…
Après ce repérage je retourne aux podiums pour les minimes et cadets avant de prendre possession d'une chambre de gîte toute proche du site de départ.
Les gamelles de la Gamelle.
Le samedi soir je suis convié à manger avec les bénévoles de l'organisation. On est près de cent cinquante! Femmes, enfants, hommes, de tous âges et pourtant en totale harmonie. Les grandes et belles organisations ont toujours à l'origine quelques bénévoles surmotivés. Quand ceux-ci sont efficaces ils savent rallier à leurs côtés de nombreux autres bénévoles, qui ne souhaitent pas prendre de lourdes responsabilités mais qui sont très heureux de donner des coups de main et de s'immerger dans la chaleureuse ambiance qui règne.
Une bien belle image.
Ce soir-là je discute longuement avec Christian Cayolle qui, professeur d'EPS en retraite, sillonne la France en long en large et en travers afin de réaliser des images d'épreuves vtt qu'il propose ensuite gratuitement au visionnage ou en téléchargement. Sa femme et lui ont une retraite bienheureuse et généreuse! Le dimanche, avec deux caméras qui tournent en permanence, il récupère environ quinze heures de rushs dont il gardera quinze minutes de films. Certains ont passé un sale quart d'heure sur la Gamelle Trophy, lui en conserve un bon quart d'heure!
Un coup de main.
Je dors pendant huit heures comme un bienheureux que je suis avant de prendre un bon petit déjeuner puis de remanger un peu à 10h. Je me rends ensuite près du départ où je trouve le père de Cédric Chartier qui accepte gentiment de me passer des bidons. Il est en scooter, c'est diablement efficace, il nous verra au moins dix fois!
Je profite de l'échauffement pour repérer les quatre premiers kilomètres de l'épreuve.
Un quart d'heure avant le départ, un coureur vient soulager un besoin naturel près de ma voiture et me demande si j'ai du chaterton pour fixer une pompe qu'il a mise dans une poche de maillot et qui lui descend dans le c…Je lui passe le ruban adhésif, il commence à œuvrer, il n'a pas l'air habitué, il a mis la pompe tête en bas, dès qu'il va rouler elle va s'ouvrir! Je lui propose de le faire, ça l'arrange bien, il me remercie puis me demande qui je suis et quand je lui dis il me dit "Ah il me semblait bien!" et me remercie d'un ton plus appuyé! Quand je vous dis que j'ai été bien accueilli tout ce week-end…
Au début c'est pas dur…
Rétrécissement dans 300m…Y'aura pas de place pour tout le monde!
800 partants, quand même…
:-) :-) :-) un grand merci à Marine Eon pour les photos :-) :-) :-)
Le départ est "vif" malgré les 63km et 1500m de montée annoncés. À la faveur de quelques embardées dans la poussière (omniprésente) de mes adversaires je me retrouve en tête au bout de 3km. Parfois je prends 50m d'avance lorsque se présente une descente rapide et cassante (il y en a!).
Souvent j'emmène le groupe de tête composé de 5 à 7 coureurs, on a de belles sensations de vitesse et parfois de glisse, la poussière est omniprésente, les racines aussi, c'est assez atypique et finalement exigeant.
Aurélien Collet passe ensuite plusieurs fois et j'ai du mal dans sa roue. Il faut dire qu'on doit rouler vite puisque plusieurs fois on se retrouve seuls en tête sans pour autant creuser un trou définitif.
1h15 en tête dans les fougères et la poussière…
Au milieu c'est le trou!
Après 1h15 en tête de course surtout avec Aurélien Collet et une descente de la chaise du diable encore en tête et à tombeau ouvert (il paraît que c'est moi qui suis passé le plus vite, youpi), ça va soudain beaucoup moins bien…Les forces me quittent…Une bonne fringale, voilà ce que j'ai. En vieux briscard qui en a vu d'autres (mais je me serais bien passé de celle-là quand même) je ne m'affole pas. Cédric Chartier me reprend et nous roulons ensemble un bon moment. Aurélien Collet revient sur nous par surprise, il s'était trompé de parcours! On l'encourage, je lui dis qu'il peut encore largement gagner vu son coup de pédale, ce qu'il fera sans coup férir. Vient un moment où je ne peux plus suivre Cédric Chartier. "J'erre" un peu puis je suis doublé par plusieurs coureurs vers le trou du cerf où se profile la descente la plus raide. Pas facile à négocier quand on est mort et moitié tremblant de faim! D'ailleurs dans cette descente je me tape une coucougnette sur la selle et ça me donne à moitié envie de vomir! À ce moment-là je ne suis pas impressionnant, c'est sûr! Au rythme où je "recule" je me verrais bien terminer 20ème…
Gueule noire de Gamelle Trophy.
Nous ne sommes que poussière…
À la fin je vais mieux.
Cette fringale va durer combien de temps? Au bout de 2h15 de course j'ai mangé tout ce qu'il y avait dans mes poches (5 salutaires topettes Windose) et…j'ai faim. Depuis quelques semaines j'ai tendance à maigrir des membres inférieurs. Ça ne trompe pas, c'est de la fatigue.
Malgré tout les topettes font effet ou bien j'ai roulé lentement depuis assez longtemps…Toujours est-il que le junior Aurélien Daniel, qui m'a repris depuis dix à quinze minutes, ne me semble plus trop rapide. Ceux qui m'ont doublé avant sont déjà loin mais lui je parviens à l'accrocher. Ça me motive juste ce qu'il faut.
À environ 10km du but il faut franchir un raidard caillouteux, je réussis à le passer en force sur le moyen plateau tandis qu'Aurélien se met à pied. Il ne s'en remettra pas vraiment, je le vois disparaître assez rapidement du rétroviseur, d'autant que mes forces reviennent un peu. À l'arrivée il m'avouera que ça l'a un peu "lâché" à ce moment-là…Moi c'était avant!
Je termine donc avec un tout petit quelque chose sous le pied et finalement proche de Cédric Chartier qui lui aussi a connu une fin de course difficile. Et lui aussi est amaigri. Fin de saison, même combat…J'irai au Roc en dilettante, c'est plus sage.
Gamelle et gobelets.
À l'arrivée je fais un tour au stand ravitaillement. Là, une belle initiative : plus de gobelets jetables, que des gobelets lavables et réutilisables. On boit dedans et on les fait glisser dans un tuyau qui les amène directement dans un bac de lavage! C'est pas beau ça?
Effectivement il faut en finir avec le jetable sinon c'est la Planète entière qu'on va jeter un jour.
Encore des podiums.
Vers 17h je reviens vers les podiums, mais pour moi cette fois. Je monte sur la plus haute marche en masters 2 et je reviens pour le scratch car les organisateurs appellent les sept premiers (ainsi ils intègrent le premier master 5ème, le premier master 2 6ème et le premier junior 7ème). L'ambiance est franchement détendue, comment voulez-vous qu'il en soit autrement! Il ya du monde et du soleil, partout…Je retrouve la même convivialité qu'au Raid des Terres Noires.
Vainqueur master 2 mon vieux!
Les sept premiers des huit cents…
Retour hétéroclite.
À 18h je quitte ce petit coin de paradis (j'ai vite oublié l'enfer de la deuxième heure de course!). AC/DC, une émission littéraire sur France-Inter, Rire et Chansons…et ma voiture m'aident à rentrer sans prendre de gamelle mais avec quelques "Trophy" en poche: un joli bouquet, une coupe et quelques spécialités sarthoises dont deux d'entre elles, les rillettes du Mans et la terrine de porc n'arriveront pas jusqu'à la maison. Enfin si, mais dans mon ventre!
Le lundi je suis "canné", quand le réveil sonne à 6h30 j'ai l'impression que je viens de m'endormir et quand je prends la voiture à 7h pour les 35km qui me mènent au boulot j'ai l'impression de continuer la route de la veille au soir…Mais le soleil se lève une fois de plus et c'est avec le t-shirt de la Gamelle sur le dos que je fais cours!
Le soir je me traîne avec Jules jusqu'à un petit village voisin où il y a des bosses…Ça finit par me réveiller, j'aide les jeunes à creuser et à améliorer les courbes d'appel pendant que Jules saute en poussant de grands cris, puis j'en teste un peu sur mon Zesty, baskets posées sur les pédales XTR, ça glisse au pays des merveilles…Life goes on.
Jean-Paul STEPHAN
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